Les juifs au temps du scribe Esdras n’étaient pas habitués à entendre proclamer la loi de Moïse. Ils se sont mis à écouter avec beaucoup de ferveur, jusqu’aux larmes, tellement ils en étaient touchés. Il est clair que cette lecture était pour eux d’une grande actualité. C’est également vrai pour les personnes qui écoutaient la lecture du prophète Isaïe, quand Jésus la faisait à la synagogue de Nazareth. L’évangile de Luc s’adresse à Théophile qui n’est personne d’autre que chacun de nous qui cherchons à connaître Dieu. Comme dans la première lecture et comme pour les auditeurs de Nazareth, nous sommes vraiment touchés quand la Parole de Dieu nous paraît actuelle et que nous la voyons se réaliser. La Parole s’accomplit aujourd’hui : voilà la nouveauté évangélique qui ne peut se démoder, car c’est à chaque génération et à chaque époque que s’accomplit la Parole libératrice de Dieu.
La semaine de prière pour l’unité des chrétiens, célébrée depuis 1930, nous rappelle le devoir de réconciliation. La solution au manque d’union des chrétiens est de retrouver Jésus dans tout son être et l’évangile de ce dimanche nous donne des indices, car Jésus souligne qu’il est venu pour libérer, pour guérir, pour relever, enfin pour donner à tous une raison de vivre. Jésus nous libère de tout ce qui nous empêche de vivre pleinement. Mais cette libération exige notre coopération, et aussi vis-à-vis des autres, notre appui. Nous devons faire face à nos manquements et aux gestes blessants qui ont pu être les nôtres. C’est avec patience et humilité que nous parviendrons vers une plus grande unité devant le Seigneur.
Appliquée à l’Église, la comparaison du corps humain et du corps de l’Église est d’une grande importance pour conserver l’unité de l’Église catholique et pour refaire nos liens fraternels avec tous les chrétiens. La Parole de Dieu est vivante et elle doit nécessairement tenir compte de la réalité historique des hommes et des femmes qui ont pour mission de la proclamer et de la mettre en pratique. De nombreux obstacles très humains sont au fond de nos différends religieux. Cela demande l’étude soutenue par la prière, mais également des gestes qui parlent. Il nous arrive, comme catholiques, de nous demander à quoi tient notre unité avec les autres chrétiens. Parfois, nous nous engageons ensemble pour une cause sociale, telle qu’une manifestation de solidarité. C’est un signe d’unité ; ce qui nous unit est plus profond. C’est de croire au même Jésus, Fils de Dieu.
C’est l’Esprit de Dieu qui met au cœur de tout Homme le goût de Dieu, pour apprendre à le connaître dans la nature et dans les personnes. Il ouvre des chemins d’unité au milieu même de la diversité. Il donne le goût de réconcilier ce qui est séparé. Jésus s’est obstiné et s’obstine encore, à travers ses prophètes, à libérer le monde et à le faire espérer, sur la base d’un seul commandement : celui d’aimer véritablement. L’aujourd’hui de Jésus est devenu le nôtre et son combat demeure inachevé tant et aussi longtemps que sa Parole de Liberté et d’Amour n’est toujours pas réalité. S’occuper de rebâtir l’unité des chrétiens est une œuvre qui va au cœur de notre mission car le baptême fait de nous tous des missionnaires du Royaume.
P. Modeste MEGNANOU
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