La foi et la fidélité dans le service
Le passage d’Évangile proposé ce dimanche se compose de deux parties bien distinctes : un court dialogue entre Jésus et ses apôtres sur la foi (v. 5-6) et une parabole de Jésus au sujet du service (v. 7-10).
La première partie couvre la question des apôtres qui demandent à Jésus d’augmenter leur foi (v. 5) et la réponse du maître : « la foi, si vous en aviez gros comme une graine de moutarde… » L’image sous-jacente est celle d’une réalité quantifiable et mesurable. La représentation visuelle qu’on peut s’en faire ne rend évidemment que d’une manière imparfaite la réalité de la foi ; cependant la formule exprime bien le désir des apôtres d’entrer toujours plus profondément dans le mystère de Jésus. Est-ce aussi mon désir de voir grandir ma foi ? Et s’il se réalisait, en quoi une foi à transporter les montagnes serait-elle utile à la communauté ? Saint Paul n’écrivait-il pas : Quand j’aurais la plénitude de la foi, une foi à transporter des montagnes, si je n’ai pas la charité, je ne suis rien (1 Corinthiens 13,2).
On comprend alors que Jésus enchaîne son propos au sujet de la foi avec la parabole du maître et son serviteur. L’évangéliste a réuni les deux propos de Jésus de telle manière que la parabole apparaît comme l’explication de l’énoncé du v. 6. Comme dans la parabole de la brebis perdue (Luc 15,4), Jésus met directement en cause ses interlocuteurs en les faisant entrer dans l’histoire qu’il raconte : Qui d’entre vous ayant un serviteur… (v. 7). La scène racontée se situe dans le contexte des relations sociales communément admises entre maître et serviteur. Le serviteur doit accomplir certaines tâches, et il n’a pas à attendre de son maître une récompense spéciale pour avoir fait simplement ce qu’il avait à faire. Le fait d’avoir rempli ses obligations ne lui confère aucun droit spécial ni aucun privilège. De même, les apôtres qui sont les serviteurs de Dieu et de la communauté ne doivent pas souhaiter de privilèges. Ils trouvent leur récompense dans l’accomplissement même de leur service. Ils sont inutiles (v. 10) non parce que ce qu’ils font est sans importance, mais parce que chacun doit accepter de s’effacer derrière le service qu’il est appelé à rendre. Ce qui est premier, c’est que le service soit assuré au sein de la communauté et les serviteurs doivent faire passer leurs attentes personnelles au second plan.
Père Anatole Dédégbé
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