Lui dormait, sur le coussin, à l’arrière…
Harassés d’avoir suivi Jésus toute la journée au milieu d’une foule qui ne se lassait pas de l’écouter, et alors que la nuit allait tomber, qu’ont pensé les apôtres quand celui-ci leur a demandé de reprendre leur barque pour “passer sur l’autre rive“ ?
Et par quels sentiments sont-ils passés quand le vent s’est levé et que la tempête s’est déchaînée ; sans doute aurait-il été plus sage de rester sur la terre ferme…
Et à l’arrière du bateau, sur le coussin, Jésus dort !
Cette impression de solitude dans la tempête, beaucoup l’ont sans doute ressenti pendant ce long confinement…. Sans compter ces flambées de violence dont nous savons malheureusement l’homme capable, et qui endeuillent chaque jour notre actualité.
Ainsi est-il fréquent de sentir, même chez des chrétiens convaincus, cette peur qui pousse à se demander si Dieu n’est pas en train de dormir dans son ciel dans ces moments difficiles ?
Ce silence de Dieu, alors que souffle la tempête, reste un mystère que l’on trouve souvent évoqué tout au long de la Bible :
– C’est Jonas qui dormait profondément sur un coussin au fond de la cale, alors que le navire dans lequel il fuyait faisait eau de toute part ; ce jour-là, pour calmer la tempête, les marins ont décidé de le jeter par-dessus bord.
– C’est Job, dans la première lecture d’aujourd’hui, qui affronte l’épreuve et qui ne comprend pas ce silence de son Seigneur. La réponse apportée ici, et qui de fait n’en est pas une, est une invitation à s’en remettre à la toute-puissance de Dieu.
Cette peur des apôtres au milieu des éléments déchainés préfigure déjà cette épreuve ultime qu’ils auront à traverser quand Jésus, sacrifié par les siens et cloué en croix, se sera endormi du sommeil de la mort. Mystère infini du silence de Dieu en réponse au cri de Jésus vers son Père : « Mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? »
« Pourquoi êtes-vous si craintifs ? N’avez-vous pas encore la foi ? “ demandera Jésus après avoir calmé la tempête. Etrange question ! La foi nous aiderait-elle à surmonter cette peur ?
Oui, si nous croyons que Jésus a été définitivement « réveillé d‘entre les morts » par son Père, et que dans cet événement il y a une invitation pour tout homme à croire, même au cœur des tempêtes qui secouent nos vies, à la toute-puissance de l’amour de Dieu.
« Car le Christ est mort pour tous, afin que les vivants n’aient plus leur vie centrée sur eux-mêmes, mais sur lui, qui est mort et ressuscité pour eux. » (2ème lecture)
Père Luc de Saint-Basile
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