Aimer
Avant de célébrer la disparition de Jésus du regard de ses disciples le jour de l’Ascension, la liturgie nous replonge dans le discours d’adieu de Jésus au cours de son dernier repas dans l’Évangile de St Jean. Il définit les relations que les disciples doivent avoir entre eux après sa mort : « Mon commandement le voici : Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés. »
Ce commandement de Jésus nous rappelle qu’il y a plusieurs façons d’aimer. C’est ce que développait notre pape émérite, Benoit XVI dans son encyclique “Deus caritas est“ en 2005 :
“Rappelons en premier lieu le vaste champ sémantique du mot “amour“ : on parle d’amour de la patrie, d’amour pour son métier, d’amour entre amis, d’amour du travail, d’amour entre parents et enfants, entre frères et entre proches, d’amour pour le prochain et d’amour pour Dieu. Cependant, dans toute cette diversité de sens, l’amour entre homme et femme, dans lequel le corps et l’âme concourent inséparablement et dans lequel s’épanouit pour l’être humain une promesse de bonheur qui semble irrésistible, apparaît comme l’archétype de l’amour par excellence, devant lequel s’estompent, à première vue, toutes les autres formes d’amour. […]
À l’amour entre homme et femme, qui ne naît pas de la pensée ou de la volonté mais qui, pour ainsi dire, s’impose à l’être humain, la Grèce antique avait donné le nom d’“eros“. Disons déjà par avance que l’Ancien Testament grec utilise deux fois seulement le mot “eros“, tandis que le Nouveau Testament ne l’utilise jamais : des trois mots grecs relatifs à l’amour – “eros“, “philia“ (amour d’amitié) et “agapè“ – les écrits néotestamentaires privilégient le dernier, qui dans la langue grecque était plutôt marginal. En ce qui concerne l’amour d’amitié (philia), il est repris et approfondi dans l’Évangile de Jean pour exprimer le rapport entre Jésus et ses disciples. La mise de côté du mot “eros“, ainsi que la nouvelle vision de l’amour qui s’exprime à travers le mot “agapè“, dénotent sans aucun doute quelque chose d’essentiel dans la nouveauté du christianisme concernant précisément la compréhension de l’amour. “
Et notre ancien pape poursuit en définissant plus précisément l’“agapè“ biblique : “En opposition à l’amour indéterminé et encore en recherche, ce terme exprime l’expérience de l’amour, qui devient alors une véritable découverte de l’autre, dépassant donc le caractère égoïste qui dominait clairement auparavant. L’amour devient maintenant soin de l’autre et pour l’autre. Il ne se cherche plus lui-même – l’immersion dans l’ivresse du bonheur – il cherche au contraire le bien de l’être aimé : il devient renoncement, il est prêt au sacrifice, il le recherche même. “
Qu’en célébrant l’eucharistie, mémorial du sacrifice du Christ par amour pour tous les hommes, nous puissions être entrainés dans ce même amour pour les autres.
Père Luc de Saint-Basile
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