« Vraiment, la vie de l’homme sur la terre est une corvée,
il fait des journées de manœuvre… »
Le livre de Job décrit, de façon radicale et sans concession, la dure réalité de la vie. Oui, il y a des moments où la vie est vraiment trop pesante, avec des journées seuls devant les écrans, les cours en ligne enfermé chez soi, la course folle pour respecter le couvre-feu à 18h00. Pour d’autres au contraire, confinés pour éviter la propagation du virus ou cloués par la maladie dans leur lit d’hôpital, les jours et les nuits sont interminables et désœuvrés.
Dès le début de sa mission, Jésus est submergé par cette détresse humaine : c’est d’abord la belle-mère de Simon qui est “au lit avec de la fièvre“ et qui ne peut pas les accueillir dans sa maison ; or, à peine a-t-elle été “relevée“ par Jésus (c’est le même mot en grec que “ressuscitée“), qu’“on lui amène tous ceux qui étaient atteints d’un mal ou possédés par des démons »
L’Evangile de Saint Marc, dès le premier chapitre, nous décrit ainsi l’activité débordante de Jésus pour guérir, soulager la misère, libérer ceux qui sont emprisonnés par des esprits mauvais. Il n’est pas d’abord venu faire de beaux discours mais sauver des corps, apporter une libération concrète à ceux qui sont enfermés dans leurs souffrances ; et il invitera ses disciples à faire de même : au chapitre 6, les douze apôtres sont envoyés en mission et “ ils expulsaient beaucoup de démons, faisaient des onctions d’huile à de nombreux malades, et les guérissaient.“
Pourtant, le lendemain, après s’être retiré dans un endroit désert pour prier son Père, Jésus va donner un nouveau sens à sa mission : “Partons ailleurs, dans les villages voisins, afin que là aussi je proclame la Bonne Nouvelle ; car c’est pour cela que je suis sorti. “
“Partons ailleurs“, c’est une invitation à ne pas nous enfermer dans la petite sphère de ceux avec qui nous nous sentons le mieux, ceux qui partagent notre foi, nos idées, et avec qui nous nous soutenons les uns les autres. Notre pape dans son encyclique “Fratelli tutti“ nous invitait lui aussi à élargir sans cesse le cercle de notre fraternité.
“Partons ailleurs“, c’est aussi accepter des remises en question qui nous font progresser dans la connaissance et l’amour de Dieu et des autres. C’est tout le sens de cette marche à la suite du Christ qui nous porte de vie nouvelle en vie nouvelle, et qui nous conduira un jour à la plénitude de notre résurrection.
Quand la vie est trop dure, saurons-nous, nous aussi, résister à cette tentation d’isolement et de repli sur nous même, ou avec nos proches, pour rester toujours accueillants à cette vie nouvelle que le Christ vient nous proposer ?
Père Luc de Saint-Basile
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