« Comme les rois mages… »
Ces mages venus d’Orient, guidés par une étoile, ont été une source d’inspiration inépuisable pour les poètes, chanteurs ou romanciers. N’est-ce pas un récit féérique propre à enthousiasmer l’enfant qui sommeille en nous ? Et malgré tous les protocoles toujours en vigueur, moult galettes vont encore se partager ce mois-ci en leur honneur !
En écoutant cette histoire, peut-être nous laisserons-nous à nouveau emporter par les images féériques : L’or, l’encens, la Myrrhe… ? Mais, pour nous chrétiens, il s’agit d’abord de l’entendre comme « Épiphanie » de Dieu ; une « manifestation » de Dieu qui ne peut être de l’ordre de l’imaginaire et du rêve mais bien comme une Bonne nouvelle dans la foi !
Pour entrer dans le sens caché de ce texte il est nécessaire de l’entendre comme dans un opéra où, avant le lever du rideau, l’orchestre joue les thèmes principaux qui seront chantés par la suite ; ainsi il nous faut lire ce récit à la lumière de toute la vie de Jésus.
Tous les personnages de cette histoire sont dans l’attente d’un signe : celui de la naissance d’un roi ou d’un messie. Les mages, venant du monde païen, le cherchent dans les étoiles, les grands prêtres et les scribes, habitant Jérusalem et héritiers de la Première Alliance, dans les livres saints qui sont en leur possession. Entre les deux, le pouvoir romain, représenté par Hérode, qui ne peut supporter la concurrence d’un autre roi.
Tous les évangiles nous racontent les questions, oppositions et conflits qui vont accompagner la vie de Jésus, tout au cours de sa montée vers Jérusalem ; les scribes et les docteurs de la Loi refusant de le reconnaître, alors que les pauvres et les pécheurs lui font bon accueil ; et l’évangéliste St Matthieu n’emploiera plus l’expression « roi » attribué à Jésus, qu’au moment du procès devant Pilate : “Es-tu le roi des juifs ? “ (Mt 27,11)
Comme l’annonçait Isaïe dans la première lecture, repris par St Paul dans son épitre aux Ephésiens, ce sont finalement des païens venus d’au-delà du Jourdain, préfiguration de l’Église naissante, qui rencontreront ce Roi annoncé par les prophètes, alors que les autorités juives, enfermées dans Jérusalem, resteront aveugles devant cet événement.
On pourrait continuer ainsi longtemps le parallèle entre ce récit de l’Épiphanie et tout ce qui suivra dans l’Évangile ; c’est une source inépuisable d’émerveillement.
Mais ce récit nous concerne toujours aujourd’hui. Il nous rappelle que, même si nous avons une foi limpide et bien enracinée, nous n’aurons jamais fini de chercher Dieu. Resterons-nous comme les scribes et les grands prêtres, à scruter les Ecritures en oubliant qu’ils recèlent une Bonne “Nouvelle“. Où nous laisserons-nous entraîner par tous les chercheurs de Dieu, même s’ils viennent de très loin, pour partager avec eux l’aventure de la foi.
Père Luc de Saint-Basile
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