« Lazare, viens dehors ! »
« Et le mort sortit, les pieds et les mains liés par des bandelettes, le visage enveloppé d’un suaire. ». (Jn 11, 44)
“Ainsi parle le Seigneur Dieu : Je vais ouvrir vos tombeaux et je vous en ferai remonter, ô mon peuple. “ (Ez 37, 12)
Les textes de ce cinquième dimanche de carême, pris au pied de la lettre alors que nous sommes tous confinés chez nous, ne manquent pas d’humour.
Bien sûr nous espérons entendre le plus vite possible cet appel à “sortir dehors“, mais, en attendant, nous pouvons déjà nous souvenir d’autres occasions où, comme Lazare, nous avons connu des petites morts intérieures, des moments où nous nous sommes sentis comme “enfermés dans un tombeau“ : c’était peut-être sous la forme d’un échec qu’on n’est pas arrivé à surmonter, d’une blessure impossible à pardonner, d’une peur qui paralyse en face de l’inconnu, de l’annonce d’une maladie grave, pour nous ou l’un de nos proches. Ou tout simplement la routine ou la solitude qui nous ont enfermé sur nous-mêmes.
Mais ce texte parle surtout de de la mort physique et de la perte d’un être cher : et Jésus lui-même a pleuré devant la mort de son ami Lazare.
Alors que cette menace de mort est de plus en plus présente dans l’actualité et tout autour de nous, nous sommes obligés dans notre confinement de la regarder en face, et de nous réinterroger de manière nouvelle sur le sens de notre vie et les priorités qui ont été celles de notre monde ces dernières années.
A ses disciples qui s’effrayaient de devoir retourner à Jérusalem parce qu’ils savaient que Jésus y était menacé de mort, Jésus a répondu : “Lazare, notre ami s’est endormi, mais je vais le tirer de son sommeil. “ C’est comme s’il semblait nous dire : je ne suis pas venu pour empêcher de mourir, mais pour vous assurer un éveil à une autre vie que nous appelons “résurrection“.
Et à Marthe qui demande à Jésus de redonner une vie terrestre à son frère, Jésus va tenter de déplacer son désir : “Moi je suis la Résurrection et la Vie. Celui qui croit en moi, même s’il meurt, vivra. “ Jésus oriente ailleurs le désir de Marthe, il lui parle d’une autre vie plus grande, plus forte que cette mort humaine inévitable.
Ce qui redonne sens à la vie peut, seul, redonner sens à la mort : seuls les vivants en parlent bien. Et même quand ils se taisent ou qu’ils pleurent, ils sont plus forts que la mort. Pour un chrétien, mourir se vit au jour le jour, comme naître. Chaque rupture, chaque passage, chaque réveil est à la fois mort et renaissance.
“Enlevez la pierre “. “Lazare viens dehors ! “. Jésus, qui va bientôt devoir lui-même affronter la mort, est aussi celui qui nous appelle à la vie, à sortir dès aujourd’hui de nos tombeaux comme une nouvelle naissance.
« Et si l’Esprit de celui qui a ressuscité Jésus d’entre les morts habite en vous, celui qui a ressuscité Jésus d’entre les morts donnera aussi la vie à vos corps mortels par son Esprit qui habite en vous. » (2ème lecture)
Père Luc de Saint-Basile
PS: En ce temps où nous n’avons plus de rentrées de quêtes à cause de la crise sanitaire, vous pouvez toujours donner en cliquant sur le lien suivant: https://quete.paris.catholique.fr/?etape=1
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