Quel signe peux-tu nous donner… ?
Sur notre route du carême, l’évangile de ce dimanche nous présente un aspect surprenant de Jésus au moment où il chasse les marchands du Temple de Jérusalem.
Il serait un peu simpliste de ne voir dans ce geste d’indignation que le sentiment qui nous envahit parfois, en traversant les nombreux commerces d’objets de piété qui entourent nos sanctuaires, comme celui de Lourdes.
Non, ce geste et les paroles de Jésus ont une toute autre portée.
Tout d’abord parce que ces “marchands“ et “changeurs“ étaient indispensables pour le culte rendu à l’intérieur du Temple : ils fournissaient les colombes, les brebis et les bœufs pour les sacrifices et permettaient d’échanger la monnaie romaine impure pour les offrandes faites au Temple.
Mais surtout, la parole de Jésus fait référence à la prophétie de Zacharie annonçant le renouvellement de Jérusalem devenue, à la fin des temps, la cité sainte vers laquelle afflueront tous les peuples de la terre : « Il n’y aura plus de marchand dans la maison du Seigneur, en ce jour là » (Zach 14, 21).
Jésus se présente donc, ce jour là, comme le Messie annoncé par les prophètes. D’où la surprise de ceux qui l’entendent parler du Temple non pas comme tout juif en disant « la maison du Seigneur » mais « la maison de mon Père ».
« Quel signe peux-tu nous donner pour agir ainsi ? » lui lancent les juifs car, à leurs yeux, l’autorité messianique que Jésus vient de s’arroger ainsi dans les choses du Temple doit être authentifié par un signe.
« Détruisez ce sanctuaire, et en trois jours je le relèverai. » – « Il a fallu quarante-six ans pour bâtir ce sanctuaire, et toi, en trois jours tu le relèverais ! » Mais lui parlait du sanctuaire de son corps.
Un nouveau signe est donné, dont la signification profonde, nous dit l’évangile d’aujourd’hui, ne sera véritablement comprise par les disciples que quand Jésus se « réveilla d’entre les morts ».
Ainsi le lieu de l’Alliance nouvelle avec ce Dieu Père révélé par Jésus ne sera plus désormais à chercher dans un Temple fait de main d’hommes, mais dans son Corps ressuscité.
Comme le dit St Paul dans l’épître aux Corinthiens, « les juifs réclament des signes » et « les grecs une sagesse ». Sachons rendre grâce pour le plus beau signe que Dieu nous fait dans chacune de nos eucharisties en nous offrant le Corps de son Fils, « Messie crucifié ». Ces eucharisties qui sont la source et le fondement de ce qui nous unit dans un même Corps, cette mystérieuse communauté chrétienne que nous formons sur notre quartier.
P. Luc de Saint Basile
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