« Vraiment, la vie de l’homme sur la terre est une corvée, il fait des journées de manœuvre… »
Mes jours sont plus rapides
que la navette du tisserand,
ils s’achèvent quand il n’y a plus de fil. »
Cette plainte de Job est malheureusement toujours d’actualité ; c’est celle des employés qui sont meurtris par le stress de la vie et la dureté du monde du travail ; c’est aussi celle des personnes âgées qui sentent que le temps s’écoule trop vite sans qu’ils aient pu profiter de tous leurs efforts et du travail accompli !
Nous même, ne nous arrive t’il pas de temps en temps de nous plaindre ainsi à Dieu ?
La tentation naturelle, en face de ces souffrances, c’est de se boucher les oreilles et de fermer sa porte, de durcir son cœur pour ne pas être touché, de tenter de s’en sortir avec ses propres ressources en essayant de se préserver des petits moments de bonheur personnel.
Dans l’évangile nous voyons que, dès le début de sa mission, Jésus accepte de se laisser submerger par cette détresse humaine: » le soir venu, après le coucher du soleil, on lui amenait tous les malades et ceux qui étaient possédés par des esprits mauvais. »
Avec sa connaissance de la Loi juive, il aurait pu enseigner dans les synagogues et même à Jérusalem, être un Rabbi important capable de dialoguer avec les docteurs de la Loi et les pharisiens.
Ou bien mener une vie irréprochable comme ces esséniens retirés dans le désert !
Mais il a décidé d’ouvrir sa porte aux blessés de la vie, de partir à l’aventure sur les routes de Palestine, à la rencontre de tous ceux qui souffrent et sont en quête d’un message d’espérance : « Partons ailleurs, dans les villages voisins, afin que là aussi je proclame la Bonne Nouvelle; car c’est pour cela que je suis sorti. »
En cela il est fidèle à sa mission qui est toute entière inscrite dans ce nom donné à sa naissance : Jésus (Dieu sauve) – Emmanuel (Dieu avec nous).
« Malheur à moi si je n’annonçais pas l’Évangile ! » C’est ce même élan qui a poussé St Paul à partir sur les chemins pleins d’embûches à travers tout le bassin méditerranéen, jusqu’à son arrestation, son emprisonnement et sa mise à mort à Rome. « Je me suis fais tout à tous pour en sauver à tout prix quelques-uns. »
Quand la vie est trop dure, saurons-nous, nous aussi, résister à cette tentation de se sauver soi-même pour rester ouverts et solidaires aux joies et aux peines de ceux qui nous entourent ?
P. Luc de Saint Basile
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