La manière dont Luc relate l’Entrée de Jésus à Jérusalem et sa Passion est significative. Les différentes réponses de Jésus sont mises en évidence. Les événements tournent rapidement, mais il est toujours au contrôle. Il prononce les mots qui l’envoient à la mort, sans avoir besoin de témoins extérieurs. Bien que tous ses proches disciples l’abandonnent, y compris Pierre, il suit toujours le chemin de la volonté de Dieu. Bien que les soldats l’insultent et le narguent, il va toujours à la croix pour eux. On se moque de Jésus comme d’un prophète qui ne sait pas ce qui se passe, mais il est tout à fait conscient de ce qu’il fait et pourquoi. La scène se déroule avec l’ironie tragique de l’hostilité de l’humanité envers le plan de Dieu et de la ténacité du Fils de Dieu de rectifier ce qui ne va pas chez nous tous. Jésus est si complètement homme qu’il partage la peur naturelle que nous inspire la mort. Il vient à Dieu avec l’angoisse humaine que lui inspire la mort, la grande ennemie. Jésus voudrait rester uni avec Dieu, aussi étroitement qu’il l’a été durant toute sa vie terrestre. Jésus est seul, abandonné sur la croix, mais il prie. Jusqu’au bout il ne casse pas cette relation qu’il a avec son Père, même dans ce moment difficile pour lui, où il pourrait douter de l’amour et de la fidélité de Dieu, il lui parle encore. « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’astu abandonné ? » L’espérance dans ce cri n’est pas morte puisqu’il s’adresse à Dieu. Comme l’écrit Paul, Jésus n’a pas revendiqué son droit d’être traité à l’égal de Dieu. Il n’a pas suivi la logique humaine. C’est la foi qui nous permet de saisir toute la portée de ce qui s’est passé. C’est la foi qui doit nous permettre de grandir à travers les situations de détresse, à travers le mal et la souffrance. L’humiliation et la mort de Jésus ne sont pas la fin. Il va ressusciter. C’est là l’essentiel du christianisme.
Le pouvoir de la croix ne nous aidera que dans la mesure où nous réfléchissons à sa signification. « Faites ceci en mémoire de moi » n’est pas simplement un mémorial vivant, c’est le moyen même par lequel Jésus revigore son peuple en y vivant. Jésus nous entraîne sur un chemin nouveau et nous fait perdre nos repères. C’est à l’ombre d’une croix qu’il faut le trouver et se retrouver. Mais qui suivra ce sentier ? Croyons-nous comme Jésus que l’amour devrait être le nouveau chemin qui mène notre vie ?
P. Modeste MEGANOU
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