Si un pauvre venait frapper à votre porte, agiriez-vous comme cette veuve en donnant votre nécessaire ? Généralement, beaucoup gardent leur nécessaire ainsi que leur superflu et ils délaissent le pauvre. D’autres gardent leur nécessaire et partagent leur superflu. La veuve de notre texte va plus loin, elle donne de son nécessaire. La principale différence entre l’obole de la veuve et celles des autres n’est pas du tout la somme donnée mais le sens de son don. Les veuves de l’époque étaient laissées à elles-mêmes. La femme pauvre de l’Évangile donne ce qu’elle a pour vivre, son « nécessaire ». D’une certaine façon elle donne sa vie. Souvent, nous donnons parce que cela fait partie d’une bonne vie en société, nous donnons par convention ou par intérêt. La veuve, elle, donne tout. Elle refuse la fatalité de sa misère. Puisque de toute façon elle n’a plus rien, inutile de garder ce rien, autant en faire quelque chose. Elle retrouve ainsi sa vraie liberté. Par son don, elle n’est plus une pauvre veuve mais elle devient l’égale de celui qui donnerait toute sa fortune. Le jeune homme riche avait reculé devant le don mais pas la veuve. Elle est sortie de la logique des contrats, des sacrifices pour la bonne conscience ou le prestige.
À l’époque où un sundae de crème glacée ne coûtait pas cher, un petit garçon de 10 ans entre dans le café d’un hôtel et, s’assoit à une table. Une serveuse dépose un verre d’eau devant lui. C’est combien pour un sundae de crème glacée ? demande-t-il. 50 cents, répondit la serveuse. Le petit garçon sort la main de sa poche et se met à compter la monnaie qu’elle contient. Bien… Combien pour un simple plat de crème glacée ? Demande-t-il à nouveau. Et pendant ce temps-là, des clients attendent pour une table et la serveuse commence à perdre patience… 35 cents, répond-elle sèchement. Je vais prendre le plat de crème glacée, dit-il finalement. La serveuse lui apporte sa crème glacée, dépose l’addition sur la table et s’en retourne. Le garçon finit sa crème glacée, paie à la caisse et s’en va.
Quand la serveuse revient, elle a des larmes à l’œil, en nettoyant sa table. Bien placé à côté du plat vide…Elle voit 15 cents. Le petit garçon ne pouvait pas prendre le sundae, pour la simple raison qu’il ne lui restait suffisamment pas de monnaie pour laisser de pourboire ! Il avait donné de son superflu et un peu de son nécessaire.
Beaucoup n’ont pas grand-chose, ils n’ont qu’un nécessaire minable. Ceux-là peuvent quand même donner beaucoup car il n’est pas nécessaire de donner de l’or, car la richesse la plus importante à partager, c’est la Parole de Dieu.
En chacun de nous se mêlent l’attitude du scribe et celle de la veuve. D’un côté, la recherche de possessions toujours plus grandes pour soi à travers les honneurs et la richesse. De l’autre, le don humble et gratuit de soi-même. Il nous faut, nous aussi donner ce que nous avons de plus précieux et c’est souvent donner de notre temps. Ne nous laissons pas décourager par l’ampleur de la tâche et la faiblesse de nos moyens. Depuis les origines, Dieu ne cesse de nous montrer qu’il est capable de faire des merveilles avec peu de choses. Dieu ne demande pas grand-chose, il souhaite seulement que chacun lui apporte le « vrai » de sa personne. Que donnons-nous : des choses ? des gestes ? notre cœur ? Que donnons-nous aux autres ? C’est avec ce que nous donnons que Dieu peut tout construire ou transformer…
P. Modeste MEGNANOU
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