Ta foi t’a sauvé !
L’épidémie du Covid n’est pas encore si loin que chacun ait oublié qu’elle nous a éloignés les uns des autres pour éviter la multiplication des contaminations. Il en est de même dans l’Évangile de ce dimanche mais au sujet de la lèpre. Il y est question en effet d’une dizaine de lépreux. A cette époque, ils étaient tenus à l’écart de la société et devaient se déplacer en se signalant avec une clochette ou en criant impur ! impur ! La maladie, croyait-on, avait une dimension religieuse. Ils devaient donc aller aussi se montrer aux prêtres pour se faire reconnaître guéris quand cela arrivait. Jésus curieusement envoie les dix lépreux dont il s’approche se montrer aux prêtres sans être guéris. Ils le seront en cours de route. Un seul, parmi les dix, revient alors immédiatement vers Jésus reportant à plus tard son passage chez les religieux. Si tant est qu’il y aille puisqu’il est un samaritain. Seul ce samaritain semble avoir vu en Jésus plus qu’un guérisseur. Mais la parole de Jésus : « ta foi t’a sauvé » est un peu malgré tout énigmatique. C’est autre chose de dire : « va, tu es guéri » ou « ta foi t’a sauvé ». Ce samaritain semble avoir mis sa confiance en Jésus mais aussi il rend gloire au Dieu dont Jésus se fait le porte-parole. La guérison qu’apporte Jésus n’est pas une pure guérison du corps, laissée depuis longtemps, le plus souvent, à la science, elle est fondamentalement une guérison spirituelle. Ce que semble avoir perçu ce samaritain et ce que les chrétiens appellent « le salut ». Cette scène nous pose donc la question du sens et de la place du salut chrétien dans la vie humaine. Qu’est-ce que cela change pour moi de me savoir sauvé ? Avons-nous besoin d’être sauvé ? pensent beaucoup de nos contemporains. Être sauvé, c’est bien plus que de dire à son médecin après une grave maladie : « Merci docteur vous m’avez sauvé la vie ! ». Ne perdons donc pas de vue la double dimension du salut apporté par le Christ qui est à la fois divinisation et libération. « Va ta foi t’a sauvé ». Chaque être humain est invité à donner sens à sa vie mais la connaissance de Jésus et la confiance en lui donne à cette vie une autre dimension par l’ouverture salvifique qu’elle reçoit de lui. N’oublions pas que ces guérisons ont eu lieu sur la route de Jérusalem où Jésus se rend pour donner sa vie pour le salut du monde. Va ta foi t’a sauvé ! La foi chrétienne est la forme la plus élaborée de l’existence humaine. « Fais-nous voir, Seigneur ton amour et donne-nous ton salut » (Ps 84).
Père Edouard Bois
Leave a Comment