Des invitations percutantes
Les textes liturgiques de ce dimanche, offrent à notre méditation des images qui disent de présenter l’autre joue ou de donner son manteau et d’aimer ses ennemis… Ce sont là des invitations, pour ma part, percutantes et dérangeantes. Cette série de recommandations semble cependant s’appuyer sur une règle d’or que Jésus reprend à son compte, qui se trouvait déjà dans l’Ancien Testament (Tobie 4, 15) et dans les cultures profanes comme celle des Grecs. Elle s’énonce comme ceci. « Tu ne fais pas aux autres ce que tu ne voudrais pas qu’ils te fassent ».
A cette formulation traditionnelle, Jésus ajoute quelque chose ; il conseille d’être proactif et d’agir en conséquence : « Ce que vous voulez que les autres fassent pour vous, faites-le aussi pour eux ». Jésus propose ainsi une règle de vie dynamique et active. Il ne s’agit plus seulement de trouver la bonne attitude, mais il s’agit de la vivre concrètement et de la répandre autour de soi. Voilà une règle de vie qu’on a appelée à juste titre une règle d’or. Si tout le monde la mettait en pratique, les relations seraient complètement transformées entre les personnes.
Mais malgré sa beauté, cette règle reste un idéal jamais atteint. Et Jésus va plus loin encore quand il présente les images du soufflet sur la joue ou de la tunique ainsi que l’amour des ennemis. Est-ce qu’on laisse tomber ces invitations comme des figures de style qui ne sont que des images ? Ou est-ce que ces invitations ont pour Jésus un sens lié à sa mission et, si oui, alors comment les mettre en pratique ?
S’en remettre purement et simplement aux figures de styles serait, je pense, priver les invitations de Jésus de leur radicalité et de leur nouveauté. En effet, avec les invitations en cause, Jésus veut sortir ses disciples de la dynamique des relations communes et les inviter à se situer sur un autre registre dans leurs relations humaines comme il le fait lui-même lorsqu’il privilégie les pauvres, les personnes méprisées et les petits etc. Ainsi le disciple de Jésus n’abandonnera jamais personne. Il sera prêt à aller au-delà de ce qui est requis et même de ce qui est juste et normal, car il sait que Dieu est présent dans ceux et celles qu’il rencontre. Ainsi l’ennemi ne peut être mis de côté ni le persécuteur. Le disciple est invité à aller plus loin que la réponse habituelle: voilà l’idéal chrétien, le code du chrétien.
Nous pouvons demander à Dieu de purifier notre regard et de le transformer par sa grâce. Nous avons besoin de cette action de Dieu car sans lui nous ne pouvons arriver à vivre l’idéal du Royaume de Dieu, ni même à nous en approcher car nous sommes toujours de pauvres pécheurs.
Père Anatole Dédégbé
Leave a Comment