Avec Thomas, l’incrédule.
“Si je ne vois pas dans ses mains la marque des clous, si je ne mets pas mon doigt dans la marque des clous, si je ne mets pas la main dans son côté, non, je ne croirai pas ! “
Combien de fois, n’avons-nous pas traversé les mêmes périodes d’incrédulité et de doutes que l’apôtre Thomas. Tout récemment encore des parents du catéchisme me rapportaient une remarque entendue de leur enfant : “Jésus je veux bien le prier, mais c’est difficile quand on ne le voit pas ? “ (sous-entendu, c’est aussi la même question que je me pose !).
D’une certaine façon, nous sommes tous des jumeaux de Thomas, appelé Didyme (c.a.d. jumeau). Des hommes et des femmes qui ne se laissent pas convaincre par de belles paroles. Thomas a besoin de voir et toucher pour croire. Marie de Magdala, au tombeau, n’avait-elle pas voulu, elle aussi, toucher son Seigneur en le reconnaissant ?
“Le soir venu, en ce premier jour de la semaine, alors que les portes du lieu où se trouvaient les disciples étaient verrouillées par crainte des Juifs, Jésus vint, et il était là au milieu d’eux. “
C’est dans ce lieu confiné que se déroule, dans l’évangile de St Jean, la reconnaissance de Jésus ressuscité ; une reconnaissance qui ne sera jamais de l’ordre de l’évidence, d’après ce que nous disent tous les récits d’apparitions : c’est bien Lui, ce n’est pas un fantôme (il va manger et boire avec eux), mais c’est aussi quelqu’un de différent (il est là alors que les portes sont verrouillées).
“Cesse d’être incrédule, sois croyant. “ La foi en la résurrection nous demande de dépasser le scepticisme et le doute par la confiance, car on ne peut pas tout enfermer dans la rationalité humaine et l’expérience sensible.
Mais, dans le même temps, les évangiles nous disent que ces rencontres avec Jésus vivant n’ont pas été vécues comme des retrouvailles ordinaires. Ainsi, pour tous ceux qui ont été les témoins de sa résurrection, cela a été réellement fondateur, recréateur.
C’est un peu comme une nouvelle naissance : les retrouvailles avec leur Seigneur ressuscité vont les faire passer des ténèbres à la lumière, de la peur à la foi, de l’angoisse à la paix et la joie. Et ce souffle que Jésus répand sur eux a quelque similitude avec celui que le Créateur a insufflé dans le corps d’Adam au début de l’humanité.
Même pour Thomas l’incrédule, c’est à une autre manière de voir et de percevoir qu’il accède. On ne sait pas, finalement s’il a touché le corps glorieux du Christ ressuscité, comme Celui-ci l’invite à le faire ; cela, en fait, est devenu totalement insignifiant. Par contre il accède à un autre type de reconnaissance de Jésus, différente de celle qu’il avait connu de son vivant. C’est le passage de l’incrédulité à la foi en Jésus Messie envoyé de Dieu : « Mon Seigneur et mon Dieu ! » Saint Thomas d’Aquin, le théologien, a une très belle formule à propos de son homonyme : “Il vit une chose, il en crut une autre. “
Que ce dimanche de la miséricorde renouvelle notre foi avec l’apôtre Thomas, et tous ceux qui mettent leur espérance dans le Christ vivant.
Père Luc de Saint-Basile
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