“Celui qui fait la vérité vient à la lumière.“
Un passage des ténèbres à la lumière.
Dans la rencontre de Jésus avec Nicodème, proposée en ce dimanche de carême, il y a trois mots qui reviennent en boucle : Jugement, vérité, lumière.
Comment les articuler ensemble avec cette invitation, dans notre livret de carême, à effectuer un passage des ténèbres à la lumière ?
Le mot français, “jugement“, a une connotation très juridique, – juger, c’est dire le droit – ; mais cela ne rend pas toute la saveur du mot grec krinein qui signifie séparer, distinguer, choisir, décider, trancher.
Par jugement, on entend bien souvent une condamnation qui tombe d’en-haut de manière péremptoire et unilatérale : le verdict du juge. Et l’on a tendance à comprendre le jugement de Dieu comme cette sentence qu’il prononcera sur la qualité de ce que nous avons vécu, avec en arrière plan ces scènes du Jugement dernier qui ornent le fronton de nos basiliques ou cathédrales.
Cette compréhension est pourtant démentie par toute la révélation biblique qui parle de Dieu comme un Dieu “riche en miséricorde“, comme le décrit St Paul dans la deuxième lecture.
En fait, un “procès“ est ce processus qui prend du temps pour faire advenir une vérité la plus objective possible. Le jugement ne vient que sanctionner cette vérité qu’on a fait advenir. Le jugement c’est donc la capacité pour l’être humain à se mettre en vérité avec lui-même : “le Jugement, le voici : la lumière est venue dans le monde, et les hommes ont préféré les ténèbres à la lumière, parce que leurs œuvres étaient mauvaises. Celui qui fait le mal déteste la lumière : il ne vient pas à la lumière, de peur que ses œuvres ne soient dénoncées ; mais celui qui fait la vérité vient à la lumière, pour qu’il soit manifeste que ses œuvres ont été accomplies en union avec Dieu. “
Le Jugement dernier sera donc le moment où se dévoilera la vérité de ce que nous sommes à la lumière de ce face à face avec Dieu. Et le Christ qui est “la lumière venue dans le monde“ nous permet déjà aujourd’hui de discerner ce qui est ténèbre en nous.
En levant les yeux vers notre croix qui fleurit un peu plus chaque dimanche dans notre église, un signe d’espérance nous est donné. Comme les hébreux invités à lever les yeux vers le serpent de bronze dans le désert, ce signe nous rappelle qu’il “faut que le Fils de l’homme soit élevé, afin qu’en lui tout homme qui croit ait la vie éternelle.“
Pour cela il nous revient de “discerner“ en nous (en latin « scrutare » – scrutin) la lumière des ténèbres. C’est le sens de cette dernière étape qui va conduire ce dimanche Jacqueline, Hao Jing-Véronique et Eoghan à être baptisés prochainement en ce temps de Pâques.
Père Luc de Saint-Basile
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