Qui es-tu ?
Jean Baptiste est un homme qui pose question : sa manière de vivre et son franc-parler va intriguer ses contemporains jusqu’à son exécution par Hérode : était-il le Messie ?
Aujourd’hui, c’est la vérification d’identité ! Dans l’évangile de St Jean, Jean-Baptiste est interpellé par les émissaires du pouvoir religieux qui ont établi à l’avance la liste des réponses possibles… Il n’y a plus qu’à cocher la case utile : Christ ? Elie ? Prophète ?
Mais Jean Baptiste ne se laisse pas enfermer dans le jeu des étiquettes ; il cherche à emmener ses interlocuteurs plus loin que le bout de leurs questions : alors qu’ils se fixent sur les apparences, le déjà connu, il veut ouvrir leurs yeux à Celui qu’ils ne connaissent pas encore. A ces personnes qui pensent déjà tout savoir, il leur propose de continuer à creuser en eux ce désir de chercher : “ Au milieu de vous se tient celui que vous ne connaissez pas. “
Rainer Maria Rilke écrit : “Efforcez-vous d’aimer vos questions elles-mêmes… Peut-être simplement en les vivant finirez-vous par entrer insensiblement, un jour, dans les réponses. “ (Lettre à un jeune poète)
Et si l’Avent était justement ce temps pour réveiller en nous cette soif de curiosité.
Il est vrai que ce méchant virus a bousculé cette année un certain nombre de nos certitudes scientifiques, d’habitudes réconfortantes et de planifications sur l’avenir. Mais n’est-ce pas justement l’occasion :
– De redécouvrir le nomadisme de la foi, comme le peuple juif pendant le temps de l’Exode. Accepter, sans les écarter ou les calmer par des mots tranquillisants, de bons sentiments ou des euphorisants éphémères, les grandes questions de l’homme : le sens de la vie, l’amour, la souffrance, la mort, Dieu… ?
– De ranimer à nouveau en nous le mystère de l’autre ou de Dieu sans se contenter d’une étiquette qui me rassure. Accepter aussi d’aller à sa redécouverte en prenant le risque d’une réponse qui dérange.
– Enfin, en adoptant l’humilité de Jean Baptiste (“Je ne suis pas digne de délier la courroie de ses sandales“ – “Il faut qu’il grandisse et que moi je diminue“ Jn 3,30), de savoir nous effacer devant Celui qui seul compte.
Alors nous pourrons redécouvrir dimanche prochain la beauté du “oui“ de Marie, une foi sans réserve dans la Parole de Dieu (“Que tout m’advienne selon ta Parole“) ; un oui qui accepte de vivre toutes les questions qui se poseront par la suite autour de Jésus comme la cachette de cette Parole de Dieu.
Père Luc de Saint-Basile
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