C’est l’histoire d’un maître parti en voyage….
Depuis plusieurs dimanches Jésus se sert de la vigne (souvent employée comme allégorie du peuple d’Israël) pour illustrer ses paraboles. Mais aujourd’hui l’histoire est beaucoup plus dramatique.
“ Un homme était propriétaire d’un domaine ; il planta une vigne, l’entoura d’une clôture, y creusa un pressoir et bâtit une tour de garde. Puis il loua cette vigne à des vignerons, et partit en voyage. “
“Quand le chat est parti, les souris dansent“ dit le proverbe. Les ouvriers qui cultivent cette vigne vont oublier qu’ils n’en sont pas les propriétaires, et ce ne seront ni les envoyés du maître, ni même son propre fils, qui pourront les faire revenir sur ce sentiment de droit acquis : “ Voici l’héritier : venez ! tuons-le, nous aurons son héritage.“
La parabole des vignerons homicides est comme une préfiguration de Pâques. Jésus annonce ce qu’il a pressenti depuis le début de sa vie publique : son rejet par ceux qui se sont appropriés l’héritage de Moïse, et sa crucifixion.
A nous qui relisons cette parabole aujourd’hui, nous devons admettre qu’elle nous concerne tout autant que ceux à qui elle était destinée.
Elle évoque ce Dieu silencieux qui est comme ce “maître parti en voyage“. Cette “absence“ de Dieu qui nous laisse penser que nous pouvons nous passer de Lui quand nous nous retrouvons face à nous-mêmes.
Le premier enseignement de cette parabole nous invite donc à ne pas oublier que nous ne sommes que les serviteurs d’une vigne qui nous est confiée ; nous n’en sommes pas propriétaires. C’est ce que nous a rappelé avec force notre pape dans son encyclique “ Laudato si “ en ce qui concerne les biens de la nature et notre “maison commune“.
La parabole nous donne aussi quelques pistes pour réaliser que le maître n’est pas totalement absent : il a envoyé des hommes et des femmes pour, patiemment, nous inviter à retisser un lien de communion avec Lui : les différents prophètes de la Bible, puis ce Fils unique.
Enfin Jésus nous révèle la manière tout à fait unique dont agit ce Maître : loin de chercher à se venger et à exterminer ceux qui ont tué son Fils, il va se servir de ce geste meurtrier pour montrer l’infini de son amour et de son pardon.
C’est ce que nous célébrons dans chaque eucharistie, “sacrifice du Fils“, qui nous introduit dans cette communion d’amour qui est en Dieu.
Souhaitons aux enfants qui communient ce dimanche pour la première fois d’entrer à leur tour dans ce mystère d’amour que nous n’aurons jamais fini de découvrir avec eux.
Père Luc de Saint-Basile
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