« Ceci est mon corps… »
Les anciens se souviennent de la “Fête Dieu“ avec ses processions dans les rues et les Saluts du Saint Sacrement accompagnés du “Tantum ergo sacramentum“.
Le renouveau conciliaire issu de Vatican II, en donnant à cette fête le nom de “Fête du Saint Sacrement du Corps et du Sang du Christ“ a voulu recentrer cette fête sur le sacrement de l’eucharistie et la place qu’il tient dans nos vies de chrétiens.
Rappelons-nous, le jour de l’Ascension nous entendions ces derniers mots du Christ ressuscité qui concluent l’évangile de St Matthieu : “Et moi je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin des temps. “
Et le jour de la Pentecôte nous célébrions cette présence de Jésus au cœur de chacun de nous par son Esprit Saint ; mais il nous a aussi donné des signes de sa présence, et l’un des signes privilégiés c’est ce repas célébré en mémoire de lui.
Le discours de Jésus sur le Pain de Vie dans l’évangile de St Jean lu pour cette fête peut nous heurter par le réalisme des expressions employées : “Celui qui mange ma chair et boit mon sang…“
Il est évident qu’il s’agit de toute autre chose qu’une cérémonie d’anthropophagie. A travers le réalisme des mots, Jésus veut souligner la réalité de sa présence qui n’est pas que dans le souvenir. Le souvenir est dans notre tête ou dans notre cœur quand nous pensons à quelqu’un que nous avons perdu. La présence de Jésus dans l’eucharistie reste mystérieuse et extérieure à nous, mais bien réelle. En communiant à la messe, nous avons une relation réelle avec le Seigneur ressuscité et pas seulement une évocation de sa présence au milieu de ses apôtres il y a vingt siècles.
Dans le même temps il faut résister à la tentation de chosifier ce sacrement. Nous avons en effet toujours tendance à identifier le réel avec ce que nous pouvons toucher et voir – ne chantons-nous pas parfois “je veux voir Dieu“. Or le Christ ressuscité que nous rencontrons à la messe reste en dehors de nos catégories humaines. Simplement il se manifeste à nous sous le signe du pain et du vin, sous le signe d’une nourriture pour nous dire qu’il veut nourrir notre vie de sa vie. Cela signifie que l’amour qui a glorifié Jésus pour l’établir comme Fils bien aimé du Père peut aussi nous pénétrer, nous saisir, nous transformer. La Pâque que le Christ a vécue en passant de la mort à la vie nous est ainsi offerte dans le rite eucharistique.
Saint Augustin l’exprimait déjà : “Soyez donc ce que vous voyez et recevez ce que vous êtes“.
Qu’en cette année particulière où nous avons dû nous contenter pendant plusieurs semaines d’eucharisties virtuelles imposées par le Covid 19, nous redécouvrions de manière nouvelle cette présence vivifiante du Christ qui vient transformer nos vies.
Père Luc de Saint-Basile
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