Dans l’attente de l’Esprit de Pentecôte
Ce temps qui suit immédiatement l’Ascension est tout à fait particulier. Nous sommes en effet dans l’attente, gardant au cœur le souvenir du départ du Christ dont nous faisions mémoire jeudi dernier, et tendus vers le renouvellement de toutes choses par le don de son Esprit, que nous célébrerons à la Pentecôte.
C’est un temps consacré à la prière ; la première lecture nous décrit les apôtres enfermés au Cénacle qui « d’un seul cœur, participaient fidèlement à la prière, avec quelques femmes dont Marie, mère de Jésus, et avec ses frères. ».
Le noyau de l’Église à venir : les onze apôtres, Marie, quelques femmes et les proches de Jésus. Apparemment un bien pauvre groupe !
Mais ce groupe, avant de partir aux quatre coins du monde fait sa « veillée d’armes » dans la prière. Il en sera ainsi à chaque étape importante pour la petite communauté primitive : le choix de Mathias pour remplacer Judas (Act. 1,24), l’institution des diacres (Act. 6,6), la conversion des Samaritains (Act. 8,15), etc…
L’évangile nous plonge également dans cette même attitude de prière, en nous rapportant celle que le Jésus a adressée à son Père au cours du dernier repas, juste avant d’achever l’œuvre qui lui a été confiée : celle d’offrir sa vie par amour sur la croix.
Prière des apôtres qui précède le départ en mission, prière “sacerdotale“ du Christ avant le sacrifice ultime. Loin d’être une parenthèse, ce dimanche nous rappelle l’urgence d’enraciner toutes nos actions et décisions dans la prière.
Car on pense trop souvent que prier, c’est demander à Dieu de nous sortir d’une situation difficile, un peu comme la dernière planche de salut ! On prie après que tout le reste a échoué ! La vraie prière chrétienne, elle, vient avant. Avant la parole et avant l’action, comme on respire avant de chanter ou de faire un effort. La vraie prière chrétienne est tournée vers l’avenir : « Que ton règne vienne »…
Dans la prière de Jésus, il y a un mot qui revient en permanence, c’est la “gloire“ : Jésus prie son Père de lui donner sa gloire. Mais ce n’est pas pour demander la célébrité des héros, des guerriers ou des grands hommes. La gloire, dans l’Ecriture sainte, c’est ce qui fait la valeur d’une personne, tout son poids d’être. Si bien que lorsque Jésus demande à son Père de manifester en Lui sa gloire, ce qu’il attend c’est que les hommes reconnaissent que son être profond n’est qu’amour, à l’image du Père ; un amour qui se donne totalement, pour nous ouvrir le chemin de la vie éternelle. Ainsi les disciples et ceux qui accueilleront leurs témoignages sont présents au cœur de cette prière.
Trop souvent nous opposons “action“ et “contemplation“. Ce dimanche nous invite au contraire à replacer toutes nos actions dans ce mouvement de prière du Christ : reconnaître avec Lui que tout ce que nous faisons, même les sacrifices les plus héroïques, n’ont de sens que s’ils sont vécus dans un amour qui trouve son origine dans le don d’amour du Père, à qui seul revient la gloire ; ainsi toutes nos actions, loin de nous attacher ceux que nous essayons d’aider, seront chemin de liberté et de vie, dans l’Esprit du ressuscité.
Que cette semaine, dans l’attente de l’Esprit de Pentecôte, nous aide à approfondir le chemin et le goût de la prière.
Père Luc de Saint-Basile
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