« Ce Jésus, Dieu l’a ressuscité ;
nous tous, nous en sommes témoins. »
En relisant toutes les apparitions de Jésus à ses disciples tout au long de ces dimanches du temps pascal, il nous est certainement arrivé de nous dire qu’ils avaient vraiment plus de chance que nous : Pourquoi ces apparitions seulement à ces quelques témoins privilégiés ? Et finalement pour eux c’était facile de croire, mais pour nous aujourd’hui ?
Pourtant, en reprenant chacun des récits d’apparitions tels que ces témoins nous les ont transmis nous sommes obligés de constater que, pour eux aussi, la présence du ressuscité n’a pas été si évidente : c’est Thomas, dimanche dernier, à qui était adressé cette dernière Béatitude : « Heureux ceux qui croient sans avoir vu ». Ce sont les deux disciples d’Emmaüs, aujourd’hui qui sont incapables de reconnaître Jésus quand il marche à leur côté, et qui ne peuvent plus le voir quand leurs yeux se sont ouverts.
Ce chemin d’Emmaüs qu’il nous est proposé de faire avec eux ce dimanche nous éclaire sur les signes qui sont donnés pour le reconnaître à notre tour.
“Jésus lui-même s’approcha, et il marchait avec eux. Mais leurs yeux étaient empêchés de le reconnaître. “ Ces signes, ils ne sont pas à rechercher dans le ciel ou dans autre monde hypothétique, ou encore dans un super-homme providentiel ! Ils se découvrent en étant attentifs à ces compagnons que Dieu a mis sur la route de notre vie, quelqu’un qui, comme pour les disciples, vient partager nos peines, un échange entre amis qui vient réveiller dans les cœurs blessés l’espérance d’un amour plus fort que la mort.
“Et, partant de Moïse et de tous les Prophètes, il leur interpréta, dans toute l’Écriture, ce qui le concernait. “ L’Ecriture est là aussi, sur notre route, pour éclairer les événements de notre vie à la lumière de la Parole de Dieu. Elle nous permet d’entrer dans le mystère du dessein de Dieu, sur nous et sur le monde, et de prendre conscience que notre vie à un sens, même quand l’épreuve nous touche comme en ce moment ; car même là nous pouvons y entendre un appel à aimer mieux.
“Quand il fut à table avec eux, ayant pris le pain, il prononça la bénédiction et, l’ayant rompu, il le leur donna. “ Sur notre route ces signes vitaux que Jésus a voulu nous laisser qu’on appelle les “sacrements“. Ces sacrements qui nous manquent tant en ce moment ! Peut-être pour en retrouver toute la saveur après ? Car, à travers ce geste symbolique de la fraction du pain, les yeux des disciples s’ouvrent et ils prennent pleinement conscience qu’ils ne sont pas seuls, que le ressuscité accompagne leur vie ; et cette certitude de foi les remplit d’une profonde joie spirituelle. Une joie qu’ils ne peuvent garder pour eux seuls et qui va les pousser à reprendre la route, autrement, pour l’annoncer aux autres.
A un moment où nous éprouvons tous le manque de ne pouvoir toucher ou étreindre ceux que nous aimons, nous comprenons sans doute mieux ce qu’ont ressenti les disciples alors qu’ils découvrent qu’ils ne peuvent plus reconnaître leur Seigneur qu’à travers les signes qu’il met dans nos vies. Seule la foi peut nous faire dépasser l’obscurité de l’absence divine pour nous établir dans cette présence mystérieuse qui est notre force. Demandons à l’Esprit saint que, comme pour les disciples d’Emmaüs, notre foi ouvre nos yeux aux signes de sa présence.
Père Luc de Saint-Basile
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