« … Et il fut transfiguré devant eux. »
Dimanche dernier, nous étions invités avec Jésus au désert pour être tentés.
Aujourd’hui, en compagnie de Pierre, Jacques et Jean, Jésus nous appelle à monter avec lui sur la montagne de la transfiguration pour partager l’intimité de sa prière.
Ce récit est l’un des plus surprenant de l’évangile. Il nous introduit dans la rencontre intime de Jésus avec son Père, une prière qui manifeste cet amour infini qui les lit. Un amour si fort qu’il va se manifester jusque dans son corps par le visage lumineux et les vêtements d’une blancheur unique ; un moment exceptionnel de vie spirituelle que nous décrivent parfois certains mystiques. Ne disons-nous pas quelquefois de certaines personnes qu’elles “rayonnent“, indiquant ainsi que ce qu’elles vivent de l’intérieur d’elles-mêmes se manifeste sur leur visage.
C’est comme si l’évangile nous relatait ce qui se vit en Jésus pendant qu’il prie.
Ainsi l’un des témoins de cette scène, Jean l’évangéliste, dira plus tard en parlant de Jésus : “Et nous avons vu sa gloire, cette gloire que, Fils unique plein de grâce et de vérité, il tient du Père “ (Jn 1,14). Or ce n’est pas de la gloire tirée de la réussite de sa vie dont il est question ici, mais bien de l’accomplissement de l’amour qui l’habite et dont Dieu seul est la source.
Car, juste avant cet événement Jésus a annoncé à ses disciples déconcertés qu’il lui faudra souffrir et être mis à mort.
Pour les trois disciples, qui seront aussi présents à Gethsémani, le souvenir de ce moment de grâce vécu avec Jésus au moment de sa transfiguration les aidera à comprendre plus tard que, même dans l’échec de la croix, s’est réalisée la bénédiction de Dieu déjà promise à Abraham dans la première lecture : « Celui-ci est mon Fils bien aimé en qui je trouve ma joie.“
Il nous arrive aussi, trop rarement, de vivre des moments de bonheur intenses, des oasis de paix dans l’aridité et le combat permanent de nos existences quotidiennes, qui nous font croire encore à l’impossible : c’est cet homme ou cette femme qui découvrent tout à coup la joie de se sentir profondément aimé, ces parents à qui l’on met pour la première fois dans les bras ce petit être fragile qui est le fruit de leur amour, tel moment de fête ou de communion familiale…
Ces petites transfigurations qui nous sont données, sur le chemin souvent long, obscur et difficile que nous essayons de tracer chaque jour, nous aident à croire que l’amour et le pardon, envers et contre toutes les apparences, seront toujours les plus forts.
Ainsi, si tout est déjà donné, tout reste à vivre. C’est le chemin de Pâques qui se trouve éclairé. Il reste à parcourir.
Père Luc de Saint-Basile
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