« Aimez vos ennemis… »
Dans son grand sermon sur la montagne, Jésus détaille cette Loi nouvelle qu’il est venu apporter : “Vous avez appris… et bien moi je vous dis…“
Des paroles exigeantes et qui peuvent sembler complètement décalées par rapport aux réalités de la vie quotidienne : « Je vous dis de ne pas riposter au méchant… ». « Si quelqu’un te gifle sur la joue droite, tends-lui encore l’autre… ». « Soyez parfaits comme votre Père céleste est parfait. »
Une Loi qui nous paraît certainement hors de notre portée ! Et pourtant c’est celle qui a guidé les choix de Jésus jusqu’au bout, et qu’il nous propose de suivre à notre tour avec la force de son Esprit, et en dépassant les valeurs véhiculées par notre monde.
Une des phrases les plus difficiles concerne l’amour des ennemis : “Vous avez appris qu’il a été dit : Tu aimeras ton prochain et tu haïras ton ennemi. Eh bien ! moi, je vous dis : Aimez vos ennemis, et priez pour ceux qui vous persécutent. “
Pour atteindre cette perfection d’amour dont parle Jésus, et arriver à juguler cette violence naturelle qui est tapie en chacun de nous, cela nécessite un long travail. Et nous voyons que, dans la Bible, il y a toute une pédagogie progressive avant d’arriver aux exigences proclamées par Jésus.
Ainsi la Bible s’ouvre sur le meurtre d’Abel et la question cruciale posée par Dieu à Caïn : « Qu’as-tu fait à ton frère ? ».
Puis, parallèlement à la règle d’or (dont on trouve des formes similaires dans toutes les religions) « Ne fais pas à autrui ce que tu ne voudrais pas qu’on te fasse à toi même », c’est la loi du talion, pour le peuple juif, qui régira les conflits pendant des siècles : « Œil pour œil, dent pour dent ». Une violence qu’il faut savoir graduer en fonction de l’agression dont on est victime.
Jésus nous invite aujourd’hui à ne pas nous arrêter trop vite sur ce chemin de l’amour de l’autre : « Si vous aimez ceux qui vous aiment, quelle récompense aurez-vous ?… Et si vous ne saluez que vos frères, que faites-vous d’extraordinaire ? Les païens eux-mêmes n’en font-ils pas autant ? »
Un amour qu’il ne faut pas réduire à l’affectif. Jean Vanier disait : “Aimer, c’est révéler à l’autre sa beauté. “ Ou encore Jean Steiman : “Aimer, c’est faire naître une personne. “
Ainsi, aimer son ennemi, ce n’est pas nécessairement avoir de l’affection pour lui, mais souhaiter vraiment son bien et prier afin qu’il découvre le vrai bonheur.
Si l’on entend parfois dire qu’un chrétien n’est pas meilleur que les autres, il y a au moins quelque chose qui le différencie : il sait qu’il a encore un long chemin de conversion à faire, à la suite de son Seigneur Jésus Christ, sur ce chemin de la sainteté !
Ce sera l’enjeu de ce temps de carême qui commence cette semaine.
Père Luc de Saint-Basile
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