“ Es-tu celui qui doit venir ? “
“Es-tu celui qui doit venir ou devons-nous en attendre un autre ? “ Voici une question déconcertante dans la bouche de Jean Baptiste.
Nous le retrouvons ce dimanche alors qu’il a été arrêté par Hérode, et qu’il est en proie au doute sur l’identité de Celui qu’il avait désigné comme l’Agneau de Dieu, l’envoyé de Dieu ! Est-ce qu’il ne s’est pas trompé ? Selon ce qu’on lui rapporte de Jésus, est-ce ainsi que doit procéder le Messie d’Israël ? Et, du fond de sa prison, il envoie ses disciples l’interroger : “Es-tu celui qui doit venir… ? “
Ces doutes de Jean Baptiste rejoignent ceux des hommes et des femmes de toutes les époques. Ils ont été ceux des contemporains de Jésus qui espéraient un Messie qui prendrait la tête du peuple d’Israël pour chasser les occupants romains et rétablir une royauté plus belle encore que celle de leur père David.
Aujourd’hui encore les attentes d’un salut espéré, d’un sauveur providentiel peuvent prendre la forme d’un homme politique particulièrement charismatique, des progrès de la science, de tel ou tel gourou promettant la sérénité, la santé ou le bonheur.
Et, comme Jean Baptiste, il y a aussi ceux qui doutent : Y a-t-il seulement un sauveur ? Voilà 2000 ans que Jésus est venu au milieu de nous mais peut-on vraiment dire que le monde est sauvé ? Peut-on encore croire en un homme providentiel ?
Dans ce passage d’évangile, Jésus ne répond pas directement aux envoyés de Jean en affirmant qu’il est bien le Messie. Il dit simplement : “Allez rapporter à Jean ce que vous entendez et voyez. “ Et il se contente de rappeler ce qu’annonçait le prophète Isaïe : “Les aveugles voient, les boiteux marchent, les lépreux sont purifiés, les sourds entendent, les morts ressuscitent et la Bonne Nouvelle est annoncée aux pauvres. “
Jésus reprend les signes annoncés par les prophètes qui sont des signes de compassion et de miséricorde, d’attention aux petits, aux malades, aux isolés. Des signes de guérison et de libération.
Alors que nous nous préparons à fêter Noël, il nous arrive de croiser des hommes et des femmes qui s’interrogent toujours sur Jésus. Comment pouvez-vous affirmer que c’est bien le Messie, celui qui peut sauver tous les hommes ?
La réponse apportée par Jésus aux envoyés de Jean nous invite à ne pas nous enliser dans des justifications intellectuelles mais à nous interroger sur les signes que nous donnons, à inviter les hommes à juger sur ce qu’ils voient.
Bien sûr il nous arrive parfois de donner à voir une Eglise peu tolérante, fermée sur ses certitudes, peu accessible à ce que vivent certains. La conversion demandée par Jean Baptiste en cette période de l’Avent consiste principalement à chercher à accorder notre vie à l’annonce du prophète Isaïe. C’est un magnifique travail à reprendre chaque jour. N’est-ce pas cela naître avec le Christ de Noël ?
Père Luc de Saint-Basile
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