“Quand cela arrivera, redressez-vous, relevez la tête! »
Luc 21,28
Les paroles de Jésus, alors qu’il arrive enfin à Jérusalem, sont surprenantes et même franchement inquiétantes.
Alors que ses disciples s’extasient devant la beauté de ce Temple tout neuf reconstruit par Hérode, il annonce : « Ce que vous contemplez, des jours viendront où il n’en restera pas pierre sur pierre : tout sera détruit. »
Et même s’il les exhorte à ne pas s’effrayer, il ajoute pourtant : « On se dressera nation contre nation…, il y aura de grands tremblements de terre, et çà et là des épidémies de peste et des famines…, des faits terrifiants surviendront, et de grands signes dans le ciel. Mais avant tout cela, on portera la main sur vous, on vous percutera… »
On sait comment tous les prêcheurs annonciateurs de la fin du monde, même parfois dans certains discours écologiques aujourd’hui, se sont servis de ces passages de l’évangile pour appuyer leurs prédictions.
Or ces images, surtout celles concernant les signes cosmiques, sont conformes au genre littéraire des apocalypses courantes à cette époque, et ne sont donc pas à prendre immédiatement au pied de la lettre.
Pourtant la première génération chrétienne, ceux qui ont eu à endurer les persécutions de la fin du règne de Néron et qui ont été les témoins de la mise à sac du Temple de Jérusalem en 70 par les armées de Titus, nous ont transmis ces paroles comme prophétiques, alors comment les comprendre comme “Bonne Nouvelle“.
« Ce sera pour vous l’occasion de rendre témoignage. » Le mot « témoin » se dit en grec « marturos » qui a donné le mot français « martyr« .
La force de cette Bonne nouvelle, parvenue jusqu’à nous, vient du fait qu’elle a survécu à la destruction du Temple, signe par excellence de la présence de Dieu ; qu’elle est restée vivante par le témoignage de tous ceux qui l’ont porté jusqu’à nous, parfois jusqu’au don de leur sang ; que l’espérance de vie qu’elle contient permet encore aujourd’hui d’affronter l’échec, l’épreuve, la maladie, la souffrance, en l’unissant à la passion et donc à la résurrection du Christ.
« Ne vous effrayez pas : il faut que cela arrive d’abord, mais ce ne sera pas tout de suite la fin. » Il n’y a que les faux prophètes, les prophètes de malheur, pour se servir de ces signes pour effrayer et ainsi enchaîner leurs disciples dans la peur.
Au milieu des tribulations de ce monde, si nous savons garder notre foi bien vivante en Jésus Christ, celle-ci se conjuguera avec ce que Péguy appelait « sa petite sœur », l’espérance.
Père Luc de Saint-Basile
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