19 martyrs d’Algérie béatifiés
Suite au premier massacre de pères blancs à Tizi Auzou, le 27 décembre 1994, les supérieurs majeurs de toutes les congrégations religieuses présentes en Algérie s’étaient réunis à Rome pour interroger les évêques encore présents sur place sur la pertinence de rester ou non. Voici ce que Mgr Pierre Claverie, alors évêque d’Oran et l’un des 19 martyrs béatifiés ce samedi, avait dit ce jour-là, au nom de tous les évêques :
« L’Eglise n’est pas une multinationale qui s’implante quelque part et qui retire son personnel quand cela ne va plus. L’Eglise est le lieu d’une Alliance qui a été passée entre le Dieu de Jésus Christ et une humanité particulière.
Les chrétiens qui sont là sont présents pour un peuple ; quoiqu’il fasse ils sont là pour cette Alliance d’amour avec cette humanité particulière. En entrant dans cette Alliance, chaque personne sait qu’elle devra y rester fidèle, pour le meilleur et pour le pire.
Et quand on nous dit que l’Algérie ne veut pas de nous, ce n’est pas vrai. Il y a certes des Algériens qui ne voulaient pas ; mais tous les autres, les 4 000 qui pleuraient à Tizi Ouzou les quatre pères blancs qui ont été tués, et puis tous ceux qui se sont réunis à l’aéroport d’Oran pour le départ de leurs religieuses, et tous les boiteux, les bossus, les aveugles, qui sont venus voir les pères blancs à Ghardaïa après qu’ils aient été attaqués. Oui Jésus s’est placé sur des lieux de fracture, là où c’était cassé, là où il y avait une tension, et il en est mort. Et si nous chrétiens ne sommes pas présents sur ces lieux de fractures et bien, on n’est plus chrétiens.
L’Algérie d’aujourd’hui est brisée en deux, et nous nous allons partir avec nos quelques religieux qui ont été tués ?
Non, nous allons rester avec ce peuple. On n’a peut-être plus rien à donner, mais on a encore nos vies. Après des dizaines de milliers de pères de familles, de jeunes, des garçons, des filles algériens qui sont morts, nous ne pouvons pas, nous, partir de notre côté. » (Vous pouvez retrouver cette intervention avec le témoignage du P. Raphaël DEILLON, père blanc qui a vécu ces événements en Algérie sur https://vimeo.com/302800852).
En ce deuxième dimanche de l’Avent, Jean Baptiste nous invite à préparer la venue du Seigneur. A Noël il se manifestera sous la forme d’un petit enfant, l’Emmanuel, “Dieu-avec-nous“, celui qui a voulu partager nos joies et nos souffrances humaines jusqu’à en mourir. Que le témoignage de ces martyrs nous aide à tenir bon, au milieu des souffrances et des fractures qui divisent notre monde actuel, pour être des témoins fidèles de cette Alliance d’amour que Dieu a tissée de manière définitive avec notre humanité.
P. Luc de Saint Basile
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