“Hypocrites “
C’est avec ce mot particulièrement dur dans la bouche de Jésus à l’adresse des scribes et des pharisiens que nous commençons une nouvelle année scolaire.
Ce terme d’“hypocrite“ a pris une connotation très péjorative aujourd’hui, en désignant quelqu’un qui cache volontairement des desseins malveillants derrière un visage avenant.
En fait, l’étymologie du mot grec “ upokritaï “, désignait dans l’antiquité des gens qui portaient un masque, comme les comédiens de théâtre. L’important n’est pas tant ce qu’ils sont en réalité, mais ce qu’ils vont laisser paraitre, la façon dont ils seront perçus par les autres. C’est pour cela que Jésus, en reprenant ensuite cette discussion avec la foule, va faire cette distinction entre l’intérieur, le cœur, là où se situe la vraie personnalité de chacun, le lieu véritable de la rencontre avec Dieu, et l’extérieur qui n’est qu’apparence.
St Jacques dont nous débutons la lecture aujourd’hui nous dira, dans l’esprit de Jésus, que la manière “pure et irréprochable“ de pratiquer la religion c’est de mettre la parole de Dieu en application dans le plus quotidien de la vie : « Mettez la Parole en pratique, ne vous contentez pas de l’écouter : ce serait vous faire illusion. Devant Dieu notre Père, un comportement religieux pur et sans souillure, c’est de visiter les orphelins et les veuves dans leur détresse, et de se garder sans tache au milieu du monde. »
Ainsi, nous ne pouvons pas prétendre honorer Dieu en respectant les préceptes de la religion chrétienne, si nous ne sommes pas sensibles à la détresse de notre prochain.
A une époque où le “paraître“, ce personnage fictif que nous nous construisons parfois, prime sur la personnalité cachée de chacun, entendons ces paroles sévères de Jésus comme une invitation à ne pas céder à cette tentation, même s’il faut parfois en payer le prix dans des milieux ou le “faire savoir“ prime sur le “savoir être“.
Et que surtout, dans notre manière de vivre notre foi chrétienne, nous ne soyons jamais « ce peuple qui m’honore des lèvres, mais dont le cœur est loin de moi » (Is 29,13).
P. Luc de Saint Basile
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