“ Ce que je vous commande
c’est de vous aimer les uns les autres “
Nous sommes au tout début de l’Eglise naissante. Deux personnages qui n’ont rien en commun se rencontrent :
Pierre qui appartient au monde juif, ce qui lui interdit, sous peine d’impureté rituelle, toute relation suivie avec les païens ; mais c’est aussi lui qui a reçu du Seigneur la mission d’être le pasteur de ses brebis.
De l’autre côté Corneille, un païen chercheur de Dieu, centurion de l’armée romaine d’occupation, en garnison à Césarée maritime, et qui n’hésite pourtant pas à venir se jeter au pied de Pierre et se prosterner devant lui.
La première réaction de l’apôtre est d’abord un geste de fraternité humaine : « Lève-toi. Je ne suis qu’un homme, moi-aussi. »
Puis, dans l’Esprit de Celui qui a voulu donner sa vie pour tous les hommes, il va faire ce pas décisif pour l’Eglise à jamais : « En vérité, je le comprends : Dieu ne fait pas de différence entre les hommes ; mais, quelle que soit leur race, il accueille les hommes qui l’adorent et font ce qui est juste. »
Et d’autorité, reconnaissant là l’œuvre de l’Esprit, il prendra l’initiative de faire baptiser ce païen au nom de Jésus Christ, avant d’accepter l’invitation de demeurer quelques jours avec les siens, alors qu’il sait très bien que cela va lui être vivement reproché par ses frères juifs.
L’amour qui prime sur la Loi et qui permet de dépasser les frontières.
Sans doute s’est-il souvenu de ces paroles que Jésus avait prononcées au cours de son dernier repas et que nous rapporte l’évangéliste St Jean aujourd’hui : « Mon commandement le voici : Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés. »
Des paroles qui resteront gravées dans le cœur des disciples, après la mort et la résurrection de leur Seigneur, jusqu’à bousculer toutes les certitudes établies et provoquer des chamboulements dont nous voyons les premiers effets dans ce geste d’autorité de Pierre.
Comme l’écrit le dernier successeur de Pierre dans sa dernière exhortation apostolique sur l’appel à la sainteté (Gaudete et exultate § 60) : “ Il est bon de rappeler fréquemment qu’il y a une hiérarchie des vertus qui nous invite à rechercher l’essentiel. Le primat revient aux vertus théologales qui ont Dieu pour objet et cause. Et au centre se trouve la charité. Saint Paul affirme que ce qui compte vraiment, c’est « la foi opérant par la charité » (Ga 5, 6). Nous sommes appelés à préserver plus soigneusement la charité : « Celui qui aime autrui a de ce fait accompli la loi […]. La charité est donc la loi dans sa plénitude » (Rm 13, 8.10). « Car une seule formule contient toute la Loi en sa plénitude : “Tu aimeras ton prochain comme toi-même” » (Ga 5, 14). “
P. Luc de Saint Basile
Leave a Comment