Vous êtes les sarments
Il y a déjà un certain temps, mais je m’en souviens encore, on a pu voir sur les écrans un très beau film sur le rapport entre le vigneron et sa vigne. Un rapport profond, affectif même. Mais, racontait le film, ce lien s’est perdu lorsque la vigne est devenue uniquement une question de rapport mais de rapport économique.
Si ce souvenir me revient à l’esprit c’est que, ce dimanche, l’enseignement de Jésus porte précisément sur la vigne et les liens qui unissent le vigneron à sa vigne et les sarments au cep.
Lorsque saint Jean se fait l’écho des paroles de Jésus sur la vigne, il s’adresse à l’Eglise de la fin du premier siècle. Une Eglise sous tension, avec divers courants gnostiques et le risque de retour à la synagogue de chrétiens juifs convertis.
Alors pour les chrétiens de son temps, et pour nous aussi où il n’est pas facile non plus de croire, Jean rappelle des passages obligés pour être croyant.
Le premier enseignement c’est la place centrale de Jésus dans notre foi. Ce n’est pas matière à option. C’est à prendre ou à laisser si on veut se dire chrétien.
Pour bien nous le faire comprendre, Jésus par l’entremise de Jean emploie donc l’image de la vigne. Image bien connue dans le Premier Testament où elle est omniprésente pour désigner le Peuple de l’Alliance aimé de Dieu.
Mais ici c’est Jésus qui dit : Mon Père est le vigneron. Je suis la vigne. Vous êtes les sarments.
Ainsi Jean rappelle-t-il aux chrétiens de sa communauté et à ceux de tous les temps la place unique, incontournable de Jésus dans la foi des chrétiens.
Alors où en sommes-nous de notre relation à Jésus ? Qui est-il pour nous ?
Le deuxième enseignement de Jean est dans ce verbe qui revient 7 ou 8 fois dans la bouche de Jésus et qui est un mot clef de son évangile : demeurer !
« Demeurez en moi comme moi en vous, comme je demeure dans le Père et le Père en moi ».
Demeurer signifie la profondeur d’une relation, son intériorité, sa réciprocité mais ici demeurer veut être aussi une invitation à adhérer fidèlement, durablement.
C’est un appel à chacun venant du Christ lui-même : demeurez en moi. Tenez bon malgré toutes les sollicitations et les dérives, les tentations.
Le troisième enseignement que souligne saint Jean n’est pas le moins important : « Ce qui fait la gloire de mon Père c’est que vous portiez beaucoup de fruits. »
De quels fruits s’agit-il ? Tout simplement de la réalisation du dessein d’amour du Père, de l’extension du règne de Dieu sur la terre.
Ce que nous avons à demander, c’est cela ! Nous le faisons en priant le Notre Père : que ton Règne vienne.
Jésus nous associe ainsi intimement à sa mission « que leur unité soit parfaite ainsi le monde saura que tu m’as envoyé et que tu les as aimés comme tu m’as aimé ». Jésus compte sur nous pour porter du fruit. Des fruits aussi imprévisibles que la conversion de Paul (cf.1ère lecture : Actes de Apôtres 9,26-31).
P. Edouard Bois
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