Entrons dans la grâce et rendons grâce !
En ces semaines qui suivent Pâques, les pages d’Evangile qui nous sont proposées le dimanche sont des récits d’apparitions de Jésus ressuscité, c’est-à-dire des récits qui nous situent par delà « le scandale de la croix. » Elles comportent souvent la même question lancinante : comment croire alors que l’affaire Jésus semble s’être achevée dans l’humiliation d’une mort réservée aux plus rejetés de la société ? Aujourd’hui St Luc nous rapporte un face à face entre les onze apôtres – Judas n’est plus là – et Jésus. Les disciples vont devoir choisir entre la peur ou bien la paix. En effet le maître leur dit : « la paix soit avec vous » et les onze sont saisis de frayeur et de crainte… Cette apparition ne serait-elle pas celle d’un fantôme ?
Pour progresser, les disciples devront franchir plusieurs étapes. La première est celle de la « vérification » : il s’agit pour les onze de voir les pieds et les mains de Jésus et de manger avec lui. L’apparition n’est pas un fantôme. Ils se trouvent bien en face de Jésus de Nazareth, le juste condamné injustement : son corps porte les traces de la fixation sur la croix. Les disciples perçoivent que la victoire du Christ n’est pas une négation ou bien une sorte de mine de la mort. La résurrection de ce maître bien vivant parmi eux n’a rien gommé de sa passion.
Alors les disciples sont prêts pour la deuxième étape que leur propose Jésus : l’Evangéliste nous dit : « Il ouvre leur intelligence à la compréhension des Ecritures ». Jésus explique à ses auditeurs que les textes de la loi de Moïse, des psaumes et des prophètes annonçaient son passage par la mort. Le passage par la souffrance et par la mort est nécessaire, jusqu’au bout, pour que la victoire de la résurrection soit complète.
Vient alors la troisième étape proposée aux disciples : devenir des témoins de la conversion et du pardon des péchés. Jésus dit : « Ainsi est-il écrit que le Christ souffrirait, qu’il ressusciterait d’entre les morts et que la conversion serait proclamée en son nom pour le pardon des péchés » et il lance : « A vous d’en être les témoins ! » …Tout péché peut être pardonné puisque le péché maximum, mettre Dieu à mort, peut déboucher sur la vie. Dieu ne se venge pas de l’infamie de la croix, il propose gracieusement – gratuitement – une nouvelle alliance. Lorsqu’on réalise cette grâce que Dieu fait à tout homme, la conversion peut suivre. La conversion c’est pour tous les disciples le désir de changer leur vie, de s’efforcer de vivre selon les paroles et les actes de Jésus, simplement pour « rendre grâce. »
Pour nous tous, disciples de Jésus, le chemin d’après Pâques consiste à réaliser la grâce que Dieu nous fait : tout péché, tout égarement dans notre vie peut être pardonné, gratuitement. Lorsque nous percevons cela, puissions-nous alors nous ouvrir au « rendre grâce » qui est dire merci à Dieu. Attention, il ne s’agit pas là seulement d’une pensée ou d’une parole ! Il s’agit concrètement, par nos actes et nos paroles, de devenir des témoins de l’amour auquel Dieu nous invite. Et cela change nos relations à nos sœurs et frères en humanité.
P. Alexis Bacquet
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