Où demeures-tu ?
– Venez et vous verrez.
Après avoir fêté l’Epiphanie dimanche dernier et lundi le Baptême du Seigneur, nous reprenons ce dimanche le cours de la liturgie dite “ordinaire“.
Ce dimanche est aussi celui où l’Eglise nous invite à porter une attention toute particulière aux migrants et aux réfugiés. Nous connaissons les appels répétés de notre pape dans ce sens ; et notre diocèse organisait ce samedi une grande rencontre de tous les Conseils Pastoraux avec des migrants ainsi qu’un partage sur les initiatives prises dans les différentes paroisses de Paris pour les accueillir.
Notre vicaire général, Mgr Denis Jachiet, qui est aussi chargé de la Pastorale des migrants au sein de la commission épiscopale, évoque dans un interview les nombreuses réticences naturelles qu’il rencontre sur cette question difficile. Il disait :
« Face aux migrants, la plupart des gens ressentent un danger. Ils les assimilent, je crois, à des peurs ancestrales liées à la question des invasions et à la peur de l’islam. Mais cette peur n’est pas chrétienne. Une peur chrétienne serait une peur de pécher, de ne pas vivre l’Évangile. La peur païenne, c’est la peur d’être envahi. Et celle-ci nous conduit à ne plus penser l’Évangile comme un trésor à annoncer mais comme une espèce de capital en train de se perdre pour des raisons géopolitiques. C’est triste. C’est prendre l’Évangile à l’envers. »
Et, pour ceux qui considèrent que notre pape François fait preuve de beaucoup de naïveté dans ce domaine, il ajoutait :
« Le pape n’est pas naïf. Il n’est pas contre le devoir des pays de réguler les flux migratoires. Il rappelle juste le message de l’Évangile, de la doctrine sociale de l’Église, à savoir qu’on ne peut pas être indifférent à son frère. Une fois qu’une personne est entrée sur notre territoire, nous ne pouvons pas la considérer comme une chose. Nous avons le devoir de l’accueillir, de la protéger, de la promouvoir et de l’intégrer. « J’étais un étranger et vous m’avez accueilli. » C’est la rencontre avec le Christ qui se joue. »
Nous sommes tous conscients que ces déclarations de notre pape sont dérangeantes et souvent incomprises dans nos pays d’Europe. Mais l’évangile est un appel permanent à la conversion du regard, une aventure à la suite du Christ : “Venez et vous verrez “ répond simplement Jésus aujourd’hui à ceux qui cherchent à le rencontrer.
Après avoir fait mémoire, en ce temps de Noël, de la sainte famille qui a dû fuir la cruauté du roi Hérode pour se réfugier en Egypte (cf. Mt 2, 13-15), que cette présence sur notre sol de tous ceux qui ont quitté leur pays à cause des violences subies soit une invitation à dépasser nos peurs pour risquer la rencontre.
P. Luc de Saint Basile
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