La fin du monde, c’est pour quand ?
Nous arrivons au terme de notre année liturgique en célébrant la fête du Christ Roi de l’univers. Et ce dimanche, la méditation de la parabole du jugement dernier dans l’évangile de St. Matthieu nous propose moins de centrer notre regard sur le Christ Roi que sur le type de Royaume qu’il inaugure.
Ce jour-là, les disciples avaient osé poser à Jésus la question qui taraude tout homme, même si, aujourd’hui, nos contemporains préfèrent l’occulter en se réfugiant dans des petits plaisirs éphémères ou dans un activisme forcené : Dis-nous quand cela arrivera, et quel sera le signe de ta venue et de la fin du monde. »
La réponse viendra sous la forme de petites paraboles sur la fin des temps, avec notamment celle des talents dimanche dernier, et celle des brebis et des boucs aujourd’hui :« Quand le Fils de l’homme viendra dans sa gloire, et tous les anges avec lui, alors il siégera sur son trône de gloire. Toutes les nations seront rassemblées devant lui ; il séparera les hommes les uns des autres, comme le berger sépare les brebis des boucs : il placera les brebis à sa droite, et les boucs à gauche. »
Nous avons tous en mémoire ces splendides tympans du jugement dernier qui ornent nos cathédrales, ou celui de la basilique de Vézelay. Le Christ en gloire, avec à sa droite ceux qui vont partager l’amour de Dieu et, à sa gauche, ceux qui, la tête basse, sont emportés par des petits diables fourchus vers le royaume des ténèbres.
Alors, quand cela arrivera t-il et quels sont les signes de sa venue ?
Jésus répond à ses disciples : « Chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces petits qui sont mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait. »
Il nous révèle ainsi la véritable « date » de l’avènement de son Royaume.
Ce Roi qu’ils croiront voir pour la première fois au moment du jugement final, ils l’auront croisé en fait depuis longtemps, tout au long de leur vie quotidienne, même s’ils n’en étaient pas conscients. L’homme rencontre le Christ, Roi de l’univers, chaque fois qu’il est devant son prochain, et plus particulièrement devant l’un de ces petits dont parle l’évangile ; le jugement et le sort final de chacun se décide, en réalité, dès maintenant.
C’est l’instant présent, dans sa banalité apparente, qui est décisif. Cet instant revêt une gravité infinie de la présence réelle et mystérieuse du Christ-Roi dans le visage de celui qui souffre à côté de moi, même le plus défiguré.
P. Luc de Saint Basile
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