Vous n’avez qu’un seul Père !
Les paroles de Jésus dans l’évangile de ce dimanche suscitent toujours beaucoup de débats entre les chrétiens au sujet de la manière d’appeler les prêtres puisqu’il n’y a qu’un seul Père et la question m’est souvent posée lorsque j’arrive dans une nouvelle paroisse : Comment faut-il vous appeler ?
Mais il ne faudrait pas que l’arbre cache la forêt. L’enseignement de Jésus est plus qu’une affaire de protocole et concerne tout le monde. C’est à la foule et aux disciples que Jésus parle.
C’est vrai, nous n’avons qu’un seul Père des cieux. Mais le prêtre par sa mission est au service de cette paternité divine. A lui de ne pas suivre l’exemple de ceux que Jésus montre du doigt. Ils se font appeler maître, agissent pour être vu des hommes et rechercher les honneurs. Cela s’appelle, dans l’Eglise, le cléricalisme.
En réalité tout prêtre, digne de ce nom, devrait pouvoir dire ce que Saint Paul écrit dans l’épître aux Corinthiens : « Auriez-vous en effet des milliers de pédagogues dans le Christ Jésus, que vous n’avez pas plusieurs pères ; car c’est moi qui, par l’Evangile, vous ai engendrés dans le Christ Jésus… ».
Et puis, dans la deuxième lecture de ce dimanche, pour brouiller encore un peu plus les pistes : « Frères, nous avons été plein de douceur avec vous comme une mère qui entoure de soins ses nourrissons ! ».
Quel que soit le vocabulaire et le sens de la paternité, ce qui compte en définitif c’est la manière, dans une communauté chrétienne, dont chacun se fait serviteur des autres : « Vous n’avez qu’un seul Maître mais vous êtes tous frères. »
Personne n’est le tout de la vie chrétienne. Chacun, selon sa vocation et sa situation propre, est signe de la manière dont le Père veut se rendre présent à notre monde. La plupart des baptisés ne quittent pas la vie commune. Ils nous apprennent ce que veut dire vivre l’Evangile dans la vie de couple, de famille, de célibat, la vie professionnelle, sociale, la communauté ecclésiale qu’ils servent au lieu de s’en servir, etc.
Les religieux, les consacrés, les moines nous rappellent eux que le Royaume de Dieu n’est pas de ce monde. L’horizon de notre vie est plus vaste que celui du monde. En Dieu même.
Les pasteurs, évêques, prêtres, diacres par leur ordination sont serviteurs du désir de Dieu d’établir sa demeure en ceux qui croient en lui et qui l’aiment. Serviteurs de son désir de rassembler déjà son peuple, sa famille. Pas seulement plus tard.
En ce sens ils sont des serviteurs privilégiés de la paternité du seul Père, signe que tout vient de lui.
Chacun se reçoit des autres et les sert. Telle est la règle en christianisme. Chacun se rend utile et rend utiles les autres.
A chacun de s’interroger sur la place qu’il tient, les services qu’il rend, la mission qu’il accomplit dans la communauté et le monde pour que cela soit bien au nom de notre Père des Cieux qu’il le fait en accueillant la Parole de son Fils à la suite de tous les saints que nous avons fêtés le 1er novembre, fête de tous les Saints.
P. Edouard Bois
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