C’est l’histoire d’un maître parti en voyage….
Depuis plusieurs dimanches Jésus se sert de la vigne pour illustrer ses paraboles. Mais aujourd’hui le contexte est beaucoup plus dramatique.
“ Un homme était propriétaire d’un domaine ; il planta une vigne, l’entoura d’une clôture, y creusa un pressoir et bâtit une tour de garde. Puis il loua cette vigne à des vignerons, et partit en voyage. “
On devine ce qui va se passer : un bien qui semble vacant risque un jour d’être squatté par ceux qui y travaillent et ce ne seront pas les envoyés du maître, ni même son propre fils, qui pourront les faire revenir sur ce droit acquis : “Voici l’héritier : venez ! tuons-le, nous aurons son héritage !“
La parabole des vignerons homicides est donc une sorte de prophétie pascale. Jésus annonce ce qui va lui arriver et sa crucifixion sera la conclusion logique de ce qui s’est enclenché depuis le début de sa vie publique : l’appropriation de l’héritage de Moïse par les grands prêtres et les scribes qui iront jusqu’à l’élimination du gêneur.
A nous qui relisons cette parabole aujourd’hui, ce texte nous concerne tout autant que ceux à qui elle était destinée. Elle nous parle de ce Dieu qui est comme ce propriétaire “parti en voyage“. Cette absence visible de Dieu qui nous laisse un peu démuni quand nous nous retrouvons face à nous-mêmes.
La première leçon de cette parabole nous invite à ne pas oublier que nous ne sommes que les serviteurs d’une vigne qui nous est confiée. Nous n’en sommes pas propriétaire.
Notre pape l’a rappelé avec force dans son encyclique “Laudato si “ en ce qui concerne les biens de la nature, mais il faudrait arriver à le reconnaître aussi dans ce qui fait le fruit de notre travail et les richesses que nous accumulons. Un jour, tout cela nous sera enlevé pour être remis dans les mains d’un autre.
La parabole nous donne aussi quelques clés pour ne pas oublier que le maître n’est pas totalement absent, en nous parlant de ces envoyés de Dieu que nous devons accueillir et écouter : les prophètes, puis ce Fils unique.
Enfin il nous révèle la manière tout à fait unique dont agit ce Maître tout puissant : loin de se venger et d’exterminer ceux qui ont tué son Fils, il va se servir de ce geste meurtrier pour bâtir son Royaume. Un Royaume construit sur l’amour et le pardon. Et en y associant ces ouvriers nouveaux, tous ceux qui n’ont pas eu la chance de le connaître et qui sont appelés à leur tour à travailler à sa vigne.
P. Luc de Saint Basile
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