La dette de l’Amour
En ce dimanche, la parabole que Jésus raconte en réponse à la question de Pierre (combien de fois faut-il pardonner ?) nous est très connue.
Elle fait partie des souvenirs de famille que les chrétiens retiennent précieusement en lisant les Evangiles.
Pour autant elle n’est peut-être pas la parabole qui soulève le plus d’enthousiasme. Non que sa compréhension soit difficile. Mais parce que nous savons bien que le pardon (comme une dette à remettre) dont il s’agit ici n’est pas chose facile et constitue une réalité complexe inséparable de la justice et de la vérité.
Pardonner n’est pas un pur élan affectif de générosité.
Chacun a pu en faire l’expérience dans sa propre vie et ses relations.
Jésus, ici, nous met au pied du mur c’est-à-dire devant nos responsabilités et l’évaluation de notre manière d’être et d’agir.
La parabole décrit le jugement dernier : la miséricorde nous est promise à condition qu’en retour, à notre échelle, nous même pardonnions et fassions justice.
La fine pointe de la parabole c’est d’attirer notre attention sur le fait qu’il n’y a pas de proportion entre le pardon de Dieu qui est compassion et le nôtre.
Celui de Dieu est sans mesure. Le nôtre est limité mais décisif.
Ce qui vaut pour la fin des temps vaut déjà pour aujourd’hui : les temps derniers sont déjà là. Ce sont ceux que nous vivons.
Les sacrements le signifient.
C’est d’abord de Dieu que nous sommes débiteurs. Le pardon sans limite peut déjà être reçu.
C’est notre manière d’être aujourd’hui au regard du pardon qu’interroge cette parabole.
Un ami prêtre africain, le père André, me disait : « J’ai l’habitude d’inviter les fidèles rassemblés pour les funérailles, au moment de l’absoute, à accorder leur pardon au défunt qu’ils ont connu et aimé, et de demander au défunt aussi d’accorder son pardon à ceux qui sont rassemblés autour de son corps, avant d’implorer la miséricorde de Dieu pour tous. »
La mesure sans mesure de cet amour c’est le Christ qui en est l’étalon en s’engageant totalement jusqu’à pardonner au moment du supplice comme il l’a fait tout au long de sa mission palestinienne.
L’amour de Dieu dont nous sommes redevables nous rend responsable et débiteur les uns des autres. Comme le dit Saint François de Sales « au soir de notre vie nous serons juger sur l’amour. »
Père Edouard Bois
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