C’est un dialogue un peu étrange entre Jésus et Pilate que nous présente l’évangile de ce dimanche de la fête du Christ, Roi de l’univers ; tout, ou presque, y est déconcertant.
La première question de Pilate est assez surprenante : « Es-tu le roi des Juifs ? » Il y a bien plus ou moins un « roi des Juifs » en titre ! La deuxième étrangeté réside dans la réponse de Jésus, qui n’en est pas une : « Dis-tu cela de toi-même, ou bien d’autres te l’ont dit à mon sujet ? » Jésus fait sans doute allusion à des débats qui ont précédé sa comparution devant Pilate. Mais il est surprenant de répondre à une question en en posant une autre. On comprend la réaction de Pilate : « Est-ce que je suis juif, moi ? Ta nation et les grands prêtres t’ont livré à moi : qu’as-tu donc fait ? » Or voici que Jésus apporte des éléments de réponse à la question initiale : « Ma royauté n’est pas de ce monde ; si ma royauté était de ce monde, j’aurais des gardes qui se seraient battus pour que je ne sois pas livré aux Juifs. En fait, ma royauté n’est pas d’ici. » À l’envers de ce qu’on pense d’habitude, Jésus se présente de manière implicite comme « serviteur », se sacrifiant par amour pour tous les hommes, et non comme un potentat.
Le plus ardu reste dans la finale de cette page d’Évangile. Jésus déclare sa mission devant Pilate : « Moi, je suis né, je suis venu dans le monde pour ceci : rendre témoignage à la vérité. Quiconque appartient à la vérité écoute ma voix. » Il est regrettable que le lectionnaire ait omis la réplique de Pilate : « Qu’est-ce que la vérité ? » (Jn 18, 38). Cette question fondamentale et existentielle est aussi la nôtre.
Par bonheur, l’évangile selon saint Jean apporte quelques réponses. Celle-ci, par exemple, quand Thomas demande : « Seigneur, nous ne savons pas où tu vas : comment pourrions-nous savoir le chemin ? » (Jn 14, 5), ce à quoi Jésus répond : « Moi, je suis le Chemin, la Vérité et la Vie : personne ne va vers le Père sans passer par moi » (Jn 14, 6).
Loin de n’être qu’un concept philosophique, il se trouve que la « vérité » dont parle Jésus est une personne et que cela le concerne de façon tout à fait directe, comme il l’indique à Thomas, à Pilate et à chacun de nous : « Je suis la vérité ».
. Que celui qui a des oreilles pour entendre, qu’il l’entende et intègre cette vérité, qu’est Jésus, Fils de Dieu, dans sa vie.
P. Anatole DEDEGBE